INTERVIEW: l’entrepreneuriat, «la Guinée est un océan d’opportunités d’affaires» selon Ousmane Baldé formateur

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Plusieurs jeunes guinéens sont confrontés au problème de chômage. Quelques-uns essaient de trouver solution en se lançant dans l’entrepreneuriat. Mais par manque de connaissances et d’expérience, certains abandonnent. Face à cette question de l’entreprenariat qui est devenu un élément essentiel pour lutter contre la pauvreté des jeunes, nous avons rencontré un jeune consultant d’entreprise et formateur en gestion des affaires qui a accepté de répondre à nos questions.

Présentez vous

Je suis BALDE Ousmane, formateur et consultant d’entreprise et président du Club Africain des Jeunes Entrepreneurs. Je travaille au sein du Groupe Kallan International où je gère la formation – suivi – évaluation et quelques éléments liés au management général du groupe.
Parlez-nous de ce club des jeunes entrepreneurs
Le Club Africain des Jeunes Entrepreneurs est une initiative que nous avons eu dans le but de faire la promotion de l’entreprenariat en Afrique et particulièrement en Guinée pour commencer.
Au fait, nous avons constaté que l’entreprenariat est sous exploité en Afrique pendant que le continent nous présente d’énormes opportunités d’affaires que les jeunes qui sont au chômage peuvent saisir et se sortir de cette situation indésirable. Nous avons donc créé ce club afin de faire la promotion de l’entreprenariat dans notre société et d’accompagner les jeunes porteurs de projets dans la réalisation de leur rêve de devenir entrepreneurs.

C’est quoi l’entrepreneuriat ?

C’est l’ensemble des actions qui concourent à la création et au développement d’une entreprise.
Quels sont les avantages de l’entrepreneuriat ?
L’entreprenariat a plusieurs avantages. D’abord ça te permet d’être libre dans tes actions, ça permet de créer son propre emploi, ça permet d’avoir beaucoup d’argent et le plus important c’est que l’entreprenariat vous permet de marquer votre existence et de laisser un héritage pour l’humanité. Steeve Jobs est mort depuis près de 8 ans mais sa firme poursuit toujours sa mission qui était de révolutionner la technologie.

Comment devenir entrepreneur ?

Pour devenir entrepreneur c’est simple. Il faut d’abord avoir la volonté, l’envie d’entreprendre et de créer quelque chose de nouveau non seulement pour soi-même mais aussi pour l’humanité. Et en suite, il faut commencer par chercher une idée.Qu’est-ce que vous voulez réellement proposer? Quel service ou produit ou service voulez vous vendre ?
Dès que vous avez l’idée, vous la mettez sur papier, vous définissez les tactiques et vous vous lancez dans le travail. C’est une aventure qui comporte passionnante et instructive.

Peut-on devenir entrepreneur sans les moyens financiers ?

Bien sùr que oui. Il y a plusieurs possibilités de créer une entreprise en partant de rien. Et d’ailleurs, toute toutes les grandes entreprises d’aujourd’hui ont été créées à partir de rien.
Le plus important dans l’entrepreneuriat n’est pas l’argent, mais la volonté et le courage de la personne de réussir son projet d’entreprise. En Guinée par exemple, le plus grand défi d’un entrepreneur n’est pas l’argent, mais c’est plutôt un défi de Ressources humaines. Comment trouver des personnes de confiances capables d’épouser votre vision et de vous accompagner dans cette aventure ? C’est plutôt rare dans ce pays.
Sinon il y a des idées que vous pouvez mettre en place et arriver à créer tout un empire en partant de rien.

Dans le système éducatif guinéen, notamment au niveau de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, l’entrepreneuriat n’est pas inclus dans le programme à enseigner. À votre avis, que devrait faire le département ?

Je trouve cela grave. Et c’est d’ailleurs l’une des insuffisances de notre système éducatif de ne pas retrouver les matières de l’entrepreneuriat dans l’enseignement supérieur. L’Etat devrait revoir le système éducatif en intégrant les matières liées à l’entrepreneuriat dans toutes les options à l’université pour que chaque étudiant ait la possibilité après ses études d’entreprendre dans son domaine.
C’est de la responsabilité de L’Etat de promouvoir l’entrepreneuriat. Et en suite, L’Etat pourra créer un fond d’accompagnement des entrepreneurs. De prendre des garanties auprès des banques pour financer leurs projets avec un taux réduit.

Malgré le faible accompagnement de la part des autorités, il existe tout de même quelques jeunes entrepreneurs mais qui, par manquent d’expériences ont du mal en s’en sortir. À votre qu’est-ce qu’il leur manque ?

Principalement, il leur manquent trois choses : d’abord l’ambition ; les jeunes guinéens aiment dire qu’ils ont l’ambition, mais ne font rien d’ambitieux, ils sont doués pour se contenter de peu, ils n’aiment pas sortir de leur zone de confort parce qu’ils ne prennent aucune initiative qui part dans ce sens.
Il y a aussi la patience ; tous ceux qui veulent entreprendre, veulent devenir riche le même jour. Et ça c’est une erreur et ce n’est pas possible. Les grandes entreprises que nous voyons autour de nous, il leur a fallu plusieurs années pour se construire et devenir ce qu’elles sont aujourd’hui. Donc les jeunes doivent patienter et commencer avec un petit projet, un petit fond, l’entretenir, le gérer jusqu’à ce qu’il devienne une multinationale.
Et la dernière chose qui manque aux jeunes guinéens, c’est la connaissance en techniques de création et gestion d’entreprises.
Mêmes ceux qui veulent entreprendre et qui sont patients, ne savent pas la marche à suivre pour entreprendre. Et fort malheureusement, ces filières ne sont pas enseignées dans les universités et les cabinets qui proposent des formations, moi je trouve que ces formations-là ne sont pas adaptées au besoin du porteur de projet.
En faite, ces cabinets qui organisent ces formations le font juste pour distribuer des attestations comme des bonbons, pas pour permettre à quelqu’un de devenir entrepreneur. Ils s’en fichent de la mise en pratique des formations qu’ils donnent.

Il y a des jeunes qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat mais qui n’ont pas suffisamment de connaissance dans ce domaine. Quel conseil avez vous à leur donner?

Ce que je vais leur conseiller c’est de suivre des formations mais choisissant bien le formateur. Qu’ils demandent au cabinet ou à la personne qui veut leur donner la formation s’il est prêt à les accompagner?
Je ne parle pas d’un accompagnement financier. Mais est ce que ces cabinets vont les coacher, les conseiller, c’est à dire leur montrer comment mettre en pratique cet enseignement là. Ou à défaut, de chercher un mentor qui va les coacher et les conseiller.
Dans tout ça, que devrait faire L’Etat guinéen pour booster les jeunes qui optent pour l’entrepreneuriat ?
L’Etat doit d’abord intégrer les matières d’entreprenariat dans l’enseignement supérieur. Cultiver l’esprit d’entreprenariat chez les jeunes. Proposer un plan d’accompagnement aux jeunes entrepreneurs en créant des agences publiques qui vont les former, les coacher, les accompagner, les protéger, etc…

Votre mot de la fin.

Pour finir, moi je lance un appel à tous les jeunes guinéens pour leur dire que la Guinée présente actuellement beaucoup d’opportunités d’affaires. C’est vrai que le fait qu’on soit un pays sous développé est mal, mais quelque part il y’a un avantage à cela pour tout jeune qui a envie d’entreprendre dans la mesure où, un pays sous développé est un pays à développer. Et un pays à développer veut dire des océans d’opportunités d’affaires.

Donc entreprenez et proposez des solutions aux problèmes que nous avons. C’est d’ailleurs ça le concept de l’entrepreneuriat. Proposez une solution à un problème que vous êtes prêt à vendre et que la population est prête à acheter.
Et notre pays a suffisamment des problèmes à résoudre dont vous pouvez proposer des solutions et soumettre l’offre à la population locale.

Interview réalisée par Aboubacar Siddy Diallo pour guineemonde.com

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