INTERVIEW: Ousmane Gaoual Diallo s’exprime sur les sujets brûlants d’actualité

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Le député de l’UFDG Ousmane Gaoual Diallo a accordé une longue interview à votre quotidien en ligne Guineemonde.com. Avec nous, le responsable de la communication du principal parti d’opposition a abordé la brûlante question de la commune de Matoto, la crise dans l’enseignement et la nouvelle loi polémique concernant l’adoption de la polygamie en Guinée.

Lisez l’intégralité de l’interview.

La dernière mobilisation de soutien à Kalèmodou Yansané dans la commune de Matoto était-elle due à un appel à manifester de l’UFDG? 

L’UFDG n’a pas organisé de manifestations, y a eu mobilisation spontanée des populations de Matoto qui ont voulu montrer un signe d’adhésion au maire qu’ils ont choisi, Kalèmodou Yansané.

Y a pas eu des démarches particulières de L’UFDG. D’ailleurs à l’occasion, moi même responsable du parti je n’y étais pas. Mais les militants de L’UFDG du côté de Matoto étaient mobilisés, et c’était un très bon signe. C’était quelque chose de rassurant pour le maire de la commune.

Quelle analyse faites-vous de la baisse des prix pétroliers à hauteur de 500fg par le gouvernement ?

Aujourd’hui plus que jamais, le gouvernement est entrain de tromper le peuple de Guinée. Il achète le carburant sur le marché mondial qui arrive au port de Conakry à 2650 GNF (deux mille six cent cinquante francs guinéens), le litre, et donc, le vendre à 9500 GNF, c’est beaucoup trop de taxes et d’impôts qu’on prélève sur les populations, qui, déjà souffrent.

Donc, le juste prix aurait été que le gouvernement vende le litre à 5000 GNF (cinq mille francs guinéens), il aurait gagné à peu près 90% de marge pour continuer à financer l’Etat. Mais 9500, c’est vraiment de la poudre aux yeux. 500 GNF réduit pour chaque litre acheté par un automobiliste n’aura aucun impact sur l’économie nationale.

Il aurait fallu que le gouvernement soit beaucoup plus généreux et que l’on vende le prix en faisant 50% de marge. 5000 GNF le litre devrait être le meilleur prix. Et ça aurait eu un impact sur les coûts de transport, des produits de première nécessité, et ça aurait permis à chaque guinéen de profiter de cette baisse. Mais à 500 GNF de réduction, personne ne gagne quoi que ce soit.

Face à cette baisse légère du prix du carburant, des organisations de la société civile ont haussé le ton. Elles comptent faire des manifestations. Elles ont ainsi invité les militants de l’opposition à les accompagner. Allez-vous accepter de les soutenir ?

 La société civile, en tant que telle n’a pas à convier un parti politique, ils n’ont qu’à lancer leur mot d’ordre. Les citoyens qui se sentent concernés, viennent. Je pense que c’est important qu’ils ne se comportent pas en parti politique. Ils peuvent appeler les citoyens à exprimer leur ras le bol.

Vous alors, en tant que citoyen, allez-vous participer à ces manifestations ? 

Je pense que je manifeste déjà ma désapprobation par rapport à cette baisse qui est du tape à l’œil des prix des hydrocarbures. Donc oui, pourquoi pas!!!

L’assemblée nationale a adopté un nouveau code civil dans lequel la polygamie est autorisée? Certains ont fustigé cette loi. Expliquez-nous les détails qui ont amené à l’adoption de ce code?

Je pense que le peuple de Guinée dans sa grande majorité n’est pas prêt à abandonner le principe de la polygamie.

Il y a des idées comme la mienne, qui encourage la monogamie. Je considère que c’est une évolution normale de relations hommes et femmes dans une société qui évolue.

Maintenant beaucoup disent que la monogamie est importée de l’Europe,  c’est par ce qu’ils ne connaissent pas l’histoire. La polygamie était seulement destinée aux rois et aux hommes riches. Le reste de la population devait être monogame. Ça c’est une institution de mariage. Les religions, d’abord le judaïsme, le christianisme et après l’islam sont venues instituer le mariage à leur manière pour gérer les problèmes qui se posaient à leurs époques.

Aujourd’hui, je pense qu’il est temps que les sociétés modernes évoluent vers un homme, une femme, pour constituer le noyau atomique d’une famille. Maintenant, ce n’est pas ma volonté qui fait la loi, c’est le peuple de Guinée. Est-ce que les Guinéens sont intéressés par ce sujet, qui n’intéresse en réalité qu’une petite classe de la société ?

Les Guinéens s’occupent de la famine que le gouvernement est entrain d’installer, de leur sécurité, de leurs droits qui les préoccupent que de cette loi.

En clair, avez-vous voté pour ou contre?

Non, toute l’opposition et les femmes du parlement n’ont pas voté pour cette loi.

Parlons à présent d’éducation, le premier ministre a annoncé que le gouvernement va radier de la fonction publique les enseignants qui n’ont pas donné cours depuis 3 mois en raison de la grève du SLECG. Qu’en pensez-vous?

Je pense que M. Kassory devrait se rappeler que l’histoire est une roue qui tourne. Et que des décisions qu’il prend aujourd’hui pourraient lui être opposées demain. On ne gouverne pas avec de l’arrogance. On ne gouverne pas avec du mépris.

Si vous avez en charge le destin d’une nation, vous devez être à l’écoute des populations qui vous expriment leur mécontentement et que par de dialogue, vous trouvez un compromis à cela. Si vous qui avez le pouvoir, c’est vous qui avez raison, c’est vous qui devez régenter tout sans écouter quelques mécontentements que ce soient, je pense que vous devez revoir votre façon de gouverner la Guinée.

Pour nous, cette question n’est pas que financière. C’est, quel est le rapport de la Guinée avec l’éducation? Comment est qu’on est entrain de préparer l’avenir de la Guinée sans l’école? Par ce qu’aujourd’hui il est incroyable de voir que trois mois après l’ouverture officielle des classes, les enfants sont toujours absents des salles et que la situation en pire.

Cela ne constitue pas une motivation suffisante pour faire révolter les populations guinéennes pour dire au gouvernement que ça suffit ? Par ce que si on s’intéresse pas à l’éducation de nos enfants, que pensons-nous de l’avenir que nous voulons construire pour ce pays? C’est quelque chose d’extrêmement grave. La Guinée de ce point de vue est singulière.

Dans n’importe quel pays au monde, un mois d’absence de cours aurait révolté la population par ce que les gouvernants sont aussi payés pour garantir l’éducation et pérenniser notre avenir.

Un mot sur la grâce présidentielle accordée à trois prisonniers dont dame Fatou Badiar, suite à l’attaque du domicile privé du président Alpha Condé en 2011.

Je pense que c’est un retour de juste mesure. Le président de la République les gardait comme prisonniers personnels par ce que le procès qui les incriminait n’a pas apporté des éléments de preuves prouvant que les gens étaient responsables ou complices d’une tentative d’assassinat sur le président de la République.

Donc Alpha Condé a libéré des prisonniers personnels qu’il avait. Je pense qu’il ne faut pas que les gens baissent les bras. Il est important que les gens continuent leurs démarches judiciaires pour demander réparation à l’Etat et pourquoi pas un jour, poursuivre Alpha Condé pour abus d’autorité, par ce qu’il n’est pas normal de garder depuis une dizaine d’années des gens en prison par ce que tout simplement vous craignez pour votre vie alors que vous n’avez pas d’éléments suffisants de preuve. Et puis, depuis cette date jusqu’aujourd’hui 103 guinéens ont perdu la vie. Avons-nous déjà eu à faire avec la justice pour qu’on recherche les auteurs et les commanditaires de ces crimes qui touchent encore des familles guinéennes.

Je pense que la justice guinéenne a montré qu’elle n’est là que pour Alpha Condé, pour le couvrir, le servir, travailler pour ses intérêts et non pour l’intérêt du peuple de Guinée dans son immense majorité.

Interview réalisée par Aboubacar Siddy Diallo pour guineemonde.com

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