Le premier vice-président « exclu » de L’UFDG, a accordé à Guineemonde.com, une grande interview. Avec Bah Oury, animateur du mouvement « LE RENOUVEAU », nous avons parlé, de l’actualité du pays, de son mouvement et de ses ambitions pour le futur.
Suivez l’intégralité de nos échanges.
Parlez-nous un peu de votre mouvement. Comment se porte-t-il ?
Le renouveau se porte relativement bien. Nous sommes dans une phase où le mouvement doit asseoir ses bases sur le plan territoriale, doit affiner son image et son identité politique, être en mesure de proposer une offre politique susceptible d’intéresser et de rassembler une majorité de Guinéens.
Vous êtes animateur d’un mouvement et vice-président d’un autre parti. Nous parlons bien de l’UFDG. Comment parvenez-vous à mener ces deux Combats ?
Être premier vice-président de L’UFDG et avoir un mouvement n’est pas quelque chose d’incompatible. Par ce que le mouvement n’est pas un parti. Et le parti c’est L’UFDG dont j’en suis le premier vice-président.
Mais vous réclamez le poste de premier vice-président d’un parti qui vous a exclus ?
Ça, non. C’est des gens qui ont décidé de manière illégale d’exclure Bah Oury. Mais la justice, notamment le tribunal a invalidé cette décision. Et à l’heure actuelle, ceux qui ont pris cette décision ont interjeté appel et on attend la décision de la Cour d’Appel.
Quels sont vos rapports avec les membres de L’UFDG, notamment ceux de la direction du parti ?
Les membres de L’UFDG, on a des excellents rapports. Mais ceux qui sont de la direction nationale du parti, on n’a pas des relations particulières.
Quel regard portez-vous sur la gestion de ce principal parti d’opposition?
L’UFDG est en crise à l’heure actuelle. Le parti est en crise de gouvernance, d’orientation politique, crise en termes d’image, et une négation des valeurs et principes qui ont fondé L’UFDG.
Si vous étiez à la tête de cette formation politique dirigée par Cellou Dalein Diallo, à quoi devrions-nous nous attendre aujourd’hui?
L’UFDG ne serait pas comme ça. Elle aurait continué dans la voie qui était la sienne, c’est à dire rassembler le maximum de Guinéens, de toutes les régions, de toutes les ethnies pour apporter des perspectives de changement pour la grande majorité de nos compatriotes. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Quelle analyse faites-vous de ces manifestations de l’opposition républicaine qui, malgré les nombreux cas de morts, continuent ?
Ils ont perdu la boussole. Ils ne savent pas dans quelle direction aller. Ils sont dans une dérive que je considère suicidaire et irresponsable au regard des sacrifices et du coup humain que leurs actions sont entrain de générer.
Je veux dire que ce qu’ils font ne correspond pas du tout à l’intérêt ni national, ni aux partis auxquels ils se réclament. C’est tout simplement des actions destructrices qui représentent une très mauvaise image à la classe politique guinéenne, et qui, dans une large mesure, ne bénéficient à personne à part eux. Ils bénéficient d’une certaine forme d’impunité, par ce qu’il y a des connivences entre certains qui sont au pouvoir et qui veulent que ces situations puissent continuer à se faire.
Récemment on vous a aperçu dans les locaux du syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée. Quel était l’objectif de cette rencontre avec Aboubacar Soumah et ses camarades enseignants grévistes ?
L’objectif c’est d’appeler les uns et les autres à privilégier les concertations, et le dialogue pour parvenir à aplanir les difficultés et rechercher aussi des positions consensuelles permettant la reprise des classes par l’écrasante majorité des enfants de ce pays.
Pensez-vous que vos propositions ont été comprises et acceptées?
Ils m’ont écouté, je les ai écoutés également, j’ai entendu leur revendications, j’espère que ça ira, comme je l’avais dit auparavant, par ce que quand j’ai rencontré le premier ministre Kassory Fofana, je l’ai appelé à faire plus preuve de pédagogie et de capacité d’écoute à l’égard des syndicalistes. Et j’espère que maintenant des espaces de dialogue pourront se créer entre le gouvernement et le syndicat.
Partagez-vous l’avis de certains qui estiment que la crise a été gérée avec arrogance par les autorités alors qu’elle aurait dû être résolue avec tact ?
C’est dommage que nous soyons dans cette situation. Mais peu importe les qualificatifs prêtés aux uns et aux autres, l’essentiel est de parvenir à mener les deux parties contractantes à s’asseoir autour d’une table, à régler les problèmes du système éducatif qui pourra permettre à un consensus pour que les classes reprennent et que les enfants continuent à aller à l’école.
Parlons à présent de la Cour Constitutionnelle. Kelefa Sall a été remplacé par Dr Mamadouba Bangoura par sept autres conseillers de ladite Cour. Le président Alpha Condé a pris un décret qui a validé ce remplacement. D’aucuns parlent d’un projet de troisième mandat à venir. Qu’en pensez-vous?
Moi je pense que c’est une crise interne à la Cour qui a pris une autre envergure, par ce qu’en Guinée on en a l’habitude. Au lieu de parler des vrais problèmes, on les masque pour parler d’autre chose pour obscurcir la scène et enfin de compte les citoyens sont déboussolés par ce qu’ils ne comprennent absolument rien aux motivations des uns et des autres. C’est un problème lié à la gestion sur le plan financier, de la transparence.
Mais la destitution de Kelefa Sall est une violation des textes qui régissent le fonctionnement de cette Cour selon certains spécialistes du droit.
Mais bon, d’après ce qui a été dit et les constats, l’ancien président de la Cour constitutionnelle, a, de par son action et de sa gestion, terni l’image de marque et la réputation de la Cour Constitutionnelle.
Et lorsque sur les neuf conseillers, huit ne lui font plus confiance, M. Kelefa Sall aurait été inspiré de tirer la conclusion qui s’imposait la mieux pour ne pas contribuer à présenter un spectacle à la Cour constitutionnelle.
Votre regard sur les huit ans de gestion du président Alpha Condé.
Dans la globalité, la gestion de la Guinée est relativement difficile. Le pays a connu une période très difficile d’un côté la crise Ebola qui a mis l’économie guinéenne à terre. Et le deuxième aspect, la gestion de la crise de 2012 à 2013 avec des manifestations politiques et des orientations du gouvernement qui, disons, n’allait pas à mon avis dans le sens strict, n’ont pas permis à la Guinée de bénéficier réellement d’un point d’achèvement d’une partie importante de notre dette.
Après 2015, le pays était en convalescence. La reprise a été lente et difficile du fait des pesanteurs sociologiques et des lourdeurs administratives.
Actuellement, au moment où on est entrain d’engranger des efforts extrêmement importants en ce qui concerne les infrastructures, du faite des accords avec la Chine et les autres bailleurs multilatéraux en ce qui concerne le PNDS (plan national du développement social NDLR), une autre crise politique survient qui fait qu’on perd du temps.
De manière globale, la situation économique de la Guinée n’a pas été bonne puisque la capacité de la collecte des recettes intérieures est très faible et la gestion des dépenses n’est pas perçue comme rigoureuse du fait d’un coulage financier.
La Guinée est entrain de faire des réformes structurelles profondes qui pourront correspondre à l’attente des populations et à la demande sociale.
À deux ans de la fin de son dernier mandat, pensez-vous que le président Alpha Condé pourra redresser le navire ?
L’essentiel dans ce monde, faites ce que vous avez à faire chaque jour, l’essentiel, c’est que ça soit bien fait pour que ça laisse des traces pour ceux qui vont venir après. Il n’est jamais trop tard pour y arriver.
Si le président Alpha Condé tentait de briguer un troisième mandat, allez-vous le soutenir ?
La question ne se pose pas pour le moment puisque vous ne l’avez jamais entendu parler de ça.
Que dites-vous alors aux autres leaders de l’opposition qui estiment que le président a des velléités pour un autre mandat ?
Cela n’engage que ceux qui le disent.
Quel est le futur agenda du RENOUVEAU de M. Bah Oury?
Ce que je peux vous dire aujourd’hui, est que lors de l’élection législative prochaine nous serons présent et également pour la présidentielle qui interviendra dans notre pays.
Lors des élections communales du 04 février dernier vous avez présenté des candidats. Quel a été la suite?
On a des élus disséminés dans le territoire. Nous avons un à Ratoma, à Dubréka un, à Matoto aussi un élu et d’autres à l’intérieur du pays.
Mais nous ne sommes pas dispersés pour autant par ce que c’était une expérience récente avec des jeunes que nous avons voulu mettre en avant. Et je pense que c’est une expérience concluante qui a permis sur cette base d’envisager l’avenir avec beaucoup de détermination.
Quels conseils avez-vous à lancer à l’endroit de ces jeunes Guinéens qui se livrent à des messages de haine sur les réseaux sociaux ?
Je pense qu’ils doivent savoir que ce pays appartient à tout le monde. Nous somme dans le même bateau. Et si ce bateau coule, nous périrons tous. Et de ce point de vue, ils doivent savoir que les discours de haine n’arrangent absolument rien du tout.
Notre pays a évité des conflits dramatiques et tragiques contrairement à des voisins comme le Libéria et la Sierra-Leone, la Côte D’Ivoire et le Mali qui est dans une situation sécuritaire très difficile.
Certes nous avons des problèmes politiques qui s’expriment parfois par des manières violentes avec son lot de mort et des destructions des biens, mais jusque-là, nous sommes épargnés des cataclysmes de vaste envergure.
Il faut que nous travaillons pour la stabilité du pays. Il y va de l’intérêt de nous tous en dehors de toute considération politique et politicienne. Les jeunes doivent savoir que leur avenir se construira dans un environnement stable, de paix et de prospérité.
Et si l’environnement n’est pas stable, il ne peut pas y avoir de construction économique ni de croissance et de création d’emploi et de la grande majorité de la population.
Il est temps que les gens prennent conscience et refusent d’aller dans le sens de la division mais aller dans le sens du rapprochement pour fédérer les énergies et pour penser à la construction d’un environnement de stabilité et de fraternité entre tous.
Votre mot de la fin?
Il faut croire à l’avenir de la Guinée. Le pays va évoluer. La Guinée est dans une période tumultueuse certes, mais il va évoluer. La Guinée a des ressorts pour s’en sortir et nous travaillons pour ça.
Nous avons connu deux cycles la colonisation 60 ans et l’indépendance 60 ans, et j’espère que les prochains cycles qui commencent pour les 60 prochaines années seront ceux du rendez-vous pour une Guinée émergente, unie et paisible.
Interview réalisée par Aboubacar Siddy Diallo pour Guineemonde.com