Il est l’un des jeunes guinéens vivant hors du pays. Très tôt Mamadou Chérif LY s’est illustré dans la dynamique de lutte citoyenne. Au file des années il prend goût dans la dénonciation de l’injustice d’où qu’elle vienne. Il a été l’un des maillon de lutte contre le 3eme mandat en Guinée au compte des guinéens vivants en Belgique. Il est aujourd’hui membre fondateur du mouvement 2AD. Nous l’avons rencontré. À cœur ouvert il nous explique sa position vis à vis de la situation sociopolitique en Guinée.
Bonjour monsieur Ly!
Bonjour !
Vous êtes un guinéen vivant en Belgique, présentez vous à nos lecteurs?
Bonsoir mon cher frère et bonsoir à vos fidèles lecteurs. Je suis Ly Mamadou Chérif, ressortissant Guinéen en Belgique où je vis depuis 13 ans après mes études universitaires en France. Je suis diplômé en finance et travaille dans ce secteur à Bruxelles.
Je suis par ailleurs, un activiste engagé pour la défense de la démocratie et des droits de l’homme.
Qu’est ce qu’on peut retenir de votre parcours ?
Mon parcours personnel, après mes études universitaires à Gamal Abdel Nasser (maîtrise en Gestion) en 2002, je voulais venir en Europe parfaire mes études. Dieu m’en a donné l’occasion et je suis arrivé à Poitiers pour l’année universitaire 2003-2004 afin de reprendre ma maîtrise et une année après j’ai fait mon Master à Orléans. Après des stages en France, j’ai traversé la frontière pour venir m’installer à Bruxelles ou j’ai fait un Master Complémentaire et depuis je travaille ici.
Parallèlement, je suis très actif dans la vie associative et engagé pour défendre les causes justes. C’est pourquoi, j’ai été très actif avec le FNDC-Belgique et je suis membre fondateur de la plate-forme 2AD qui prône une Transition démocratique en Guinée.
Vous êtes activiste, dites nous qu’est ce qui vous a motivé à être dans ce domaine?
Mon engagement est presque naturel. Je me suis toujours engagé pour la défense des causes que j’estime être justes. Donc, c’est tout naturellement que, je me suis engagé au sein du FNDC et, ensuite, au 2AD.
Souvenez-vous mon frère que les causes que défendent ces organisations sont justes et vous qui vivez en Guinée, le savez mieux que quiconque. Nous guineens devons savoir que personne d’autre ne viendra restaurer notre démocratie et développer notre pays à notre place. Nous sommes donc condamné à la solidarité face aux épreuves que traversent notre cher pays, notamment, le syndrome du 3éme mandat et ses corollaires.
Aujourd’hui, vous avez mené la lutte au sein du FNDC, c’était pour la défense de la constitution. Cependant, comment vous voyez l’avenir de cette organisation sociale?
Écoutez mon frère, je ne souhaite pas du tout m’étaler sur le FNDC parce que j’ai quitté le FNDC en avril dernier pour créer notre propre mouvement. J’y étais d’avril 2019 à avril 2020 et maintenant je suis au 2AD (l’alliance pour l’Alternance Démocratique) qui vise à obtenir une Transition démocratique en République de Guinée immédiatement et nous souhaitons que la Transition soit effective avant le 18 octobre 2020.
Maintenant, pour réussir ce combat toutes les organisations politiques et de la société civile en ce compris le FNDC doivent se donner la main pour réussir l’objectif de la Transition.
Justement votre départ FNDC il y’a quelques mois, dites comment vous avez mis en place le mouvement 2AD?
Il faut rappeler qu’à la veille du double scrutin du 22 mars, il y a eu une rencontre à Bruxelles de plusieurs antennes du FNDC Diaspora pour harmoniser les stratégies d’empêcher les élections à l’extérieur, ce qui fut d’ailleurs un succès total à l’étranger. Par la suite, ce groupe du FNDC Diaspora a continué à échanger tous les week-end afin de tirer les conséquences du scrutin du 22 mars et de trouver des nouvelles stratégies de barrer la route au 3ème mandat. Majoritairement, les gens voulaient qu’on demande le départ immédiat de Monsieur Alpha Condé vu le changement de la constitution, le remplacement frauduleux de la constitution qui a été soumis à la sélection du 22 mars et l’assassinat de la constitution qui faisait de Monsieur Alpha Condé un président de la République et surtout en faisant tuer plus de 200 militants du FNDC pour confisquer le pouvoir. Nous avons estimé dès lors, qu’il n’était même plus envisageable d’accorder du temps à Alpha Condé pour songer à se présenter candidat à la présidentielle et donc il fallait prôner immédiatement une Transition politique. C’est ainsi que nous avons décidé de créer le 2AD comme instrument de mise en place de la Transition. Nous avons travaillé sur le projet d’avril à juin et en juillet nous avons mis effectivement en place le mouvement en Guinée et à l’extérieur de la Guinée.
Alors aujourd’hui, sur quel moyen, vous vous appuyez pour réussir cette transition dont vous parlez tant?
Le peuple de Guinée constitue le premier moyen du 2AD. À l’image de ce qui s’est passé au Mali avec le M5, le balai citoyen au Burkina, Y en a marre au Sénégal, le peuple reste souverain et décide de son destin. À cet effet, le 2AD tout comme les autres mouvements ou plates-formes qui s’inscrivent dans cette logique font adhérer majoritairement le peuple en expliquant les bien-fondés d’une Transition politique en Guinée.
Mais depuis la mise en place de ce mouvement, vos véritables actions ne sont pas encore vu sur le terrain, vous n’êtes t-il en retard étant donné nous nous acheminons vers l’élection ?
Écoutez mon cher, vous savez comment fonctionne la dictature Monsieur Alpha Condé, si vous exposez vos leaders ils seront arrêtés avant d’atteindre l’objectif. Nous avons observé longtemps avant de nous lancer. Nous savons pertinemment que pour battre Alpha Condé, il faut le surprendre et c’est ce que le 2AD avec beaucoup d’autres mouvements feront bientôt. Nous ne mettrons la sécurité de personne en danger avant le jour J.
Vous avez lutté au sein du FNDC pendant une année avec des partis politiques comme l’UFDG ou PADES qui ont décidé d’aller à l’élection présidentielle, dites nous quelle analyse faites vous de cela ?
Tout le monde sait pourquoi on est venu au FNDC et par essence le FNDC défends la constitution du 7 mai 2010 et ne reconnaît nullement la constitution falsifiée de Alpha Condé, de ce fait, je suis surpris comme tout le monde de voir un parti politique membre du FNDC à l’élection présidentielle du 18 octobre 2020 avec Monsieur Alpha Condé. Cependant, il ne m’appartient pas de porter un jugement sur la candidature de Paul ou de Pierre. Si un parti politique estime qu’il peut se désolidariser de la ligne directrice du boycott et aller gagner face à Alpha Condé, je n’ai pas à commenter cela car je n’ai pas tous les éléments déterminants de sa candidature en main. Ce que je peux dire avec certitude, personne ne peut gagner seul, nous gagneront ensemble ou nous perdrons ensemble. C’est pourquoi, au 2AD nous avons rencontré quasiment tous les partis politiques ainsi que les coordinations régionales pour leur expliquer les objectifs de notre mouvement et tendre la main à tout le monde. Parce qu’il faut savoir que le combat que mène le FNDC dont nous avons participé pendant un an est complémentaire avec le combat du 2AD et c’est l’état d’esprit de complémentarité qui doit guider tous ceux qui luttent contre un 3ème mandat.
Vous voulez nous dire que, la lutte doit être à tous les niveaux ?
Je n’ai pas dit cela, je dis tout simplement que chacune des organisations qui lutte contre le 3ème mandat doit être conscient que c’est l’ensemble du peuple qui fera partir Alpha Condé. Dès lors, il serait mieux d’entreprendre des actions communes, qui ne divisent pas et qui fédèrent le maximum d’organisations. Maintenant, si nous avons les moyens de lutter sur tous les fronts ensemble pourquoi pas. Il faut seulement se rappeler que Alpha prépare son 3ème mandat depuis des années, il contrôle la CENI, le fichier électoral est taillé pour un 3ème mandat, la cour constitutionnelle est aux ordres pour valider n’importe quelle mascarade électorale qui déclarera Alpha vainqueur.
Alors quel message avez vous aujourd’hui à l’endroit de tous les acteurs: politiques, sociaux, ou religieux ?
C’est la solidarité et plus de solidarité. Plusieurs familles ont été endeuillées dans la lutte contre le 3éme mandat, plusieurs personnes ont été kidnappés et emprisonnés arbitrairement, nous ne pouvons pas arrêter cette lutte. Nous devons honorer les mémoires de nos victimes en faisant partir Monsieur Alpha Condé et ses amis afin de restaurer la démocratie. Nous ne pourrons atteindre cet objectif sans la mobilisation et la détermination de tous pour aller dans la même direction. Au nom du 2AD, j’invite toutes les organisations qui luttent contre le 3éme à mettre les egos de côté et discuter afin de pouvoir finir rapidement avec la dictature.
Votre message de paix à l’endroit de l’ensemble des citoyens du pays?
La Paix n’est pas un vain mot, mais un comportement comme disait Félix Houphouët Boigny. Il n’ y a pas de paix sans justice et Dieu seul sait combien la vie de nos compatriotes est banalisé de nos jours. Alors, on ne va pas aller dans une hypocrisie en appelant à la paix sans demander aux gouvernants en premier d’avoir un comportement de paix, d’éviter les problèmes qui divisent et entraînent des violations de droits.
Merci à vous!
C’est moi qui vous remercie..
Interview réalisée par Aliou Diallo, pour guineemonde.com