INTERVIEW: Un guinéen crée une station de radio dans son village à partir d’objets ramassés

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Il a abandonné les études par manque de moyens financiers en 2017, alors qu’il faisait sa deuxième année universitaire. Il étudiait l’économie de gestion dans une université de Labé. Depuis 2008, il s’est lancé dans la fabrication d’appareils électroniques, notamment des avions et voitures en miniature et beaucoup d’autres choses.
Depuis quelques temps, il a réussi à fabriquer une station radio locale grâce à des matériels qu’il a ramassé dans des poubelles. En séjour à Conakry, à la recherche de soutient financier et matériel, nous l’avons rencontré à Matoto pour parler avec lui de son ingéniosité et toutes ces fabrications.

Présentez vous ?
Je me nomme Alhassane Bah. Je suis âgé de 23 ans, originaire de Sanou, dans la préfecture de Labé. Je fabrique des avions, des téléphones et des stations radios locales.

Depuis quand avez-vous eu l’idée de créer ces objets et surtout une radio ?
J’ai commencé ce projet depuis 2008. Cela fait 11ans depuis que j’ai commencé à expérimenter l’idée de créer une radio. Elle m’est venue lorsque je suis parti dans mon village à Sanou. Je ne parvenais pas à capter les radios guinéennes pour avoir des informations sur le pays. On y captait que RFI et BBC. C’est de là que j’ai eu l’idée de créer ma propre station de radio en synchronisant avec les radios locales qui sont un peu proche de ma localité.

Comment avez-vous fait pour obtenir tous ces objets qui composent votre station de radio?

C’est avec des objets de recyclages que j’ai créé cette radio. Je suis parti voir dans les poubelles des matériels électroniques et des postes radios jetés. C’est ce que j’ai raccommodé pour en faire ma propre station.

Quelle est la fréquence de votre radio ?

Ma radio émet sur la fréquence 99.0 en onde courte. Elle émet sur une distance de 4Km. Elle couvre tout mon village Sanou.

Et l’émetteur, comment avez-vous fait pour l’avoir ?

J’ai eu mon émetteur grâce à un poste récepteur que j’ai ramassé dans une poubelle. Je suis venu travailler avec d’autres objets.

Avez-vous une antenne ?

Oui, mais c’est au village que j’ai laissé l’antenne pour venir à Conakry.

Dans la fabrication de cette station, dites nous, quelles sont les Difficultés que vous avez rencontrées ?

D’abord il y a le problème de matériel. Ce n’est pas facile de trouver tous les objets dans des poubelles. Il y en a d’autres que je suis obligé d’acheter au marché et cela me coûte pas mal d’argent.
Il y a par exemple le lecteur DVD, les micros ondes et d’autres matériels électroniques qui composent la radio. Il y a certains objets, quand vous partez chez les réparateurs pour les chercher, même s’ils étaient sur le point de les jeter, ils vous les revendent à chèr, or si vous ne les achetez pas, ils peuvent même les bruler. Il y a donc un problème financier qui de pose, c’est d’ailleurs cette raison qui m’a poussé à venir à Conakry pour essayer de voir si on peut bénéficier d’aide, que ce soit avec les autorités compétentes ou les personnes de bonne volonté.

Votre radio fonctionne avec quelle source d’énergie depuis le village?

La radio fonctionne à l’aide de piles électriques pour une tension de 3,7 volt, par ce qu’au village, il n’y a pas de courant.

Quelles sont les informations qui sont diffusées sur votre radio ?

Nous faisons passer les communiqués de décès, de baptêmes et de mariages. Nous avons des amis qui sont nos correspondants à Labé, ils enregistrent les grandes éditions d’informations, ils nous les transfèrent et on diffuse sur notre radio.

Parlez-nous des heures d’émission de la radio.

Pour le moment, c’est les matins et les soirs. Mais nous sommes entrain de voir comment émettre pendant la journée aussi.

Quel appel avez-vous à lancer aux autorités de ce pays ainsi qu’aux personnes de bonne volonté que vous êtes venu rencontrer ?

Je demande aux autorités compétentes, aux personnes de bonne volonté de nous aider à travers des moyens financiers. Par ce que si ce projet évolue, ce n’est pas nous seulement qui allons en bénéficier. C’est toutes les populations qui vont en bénéficier.
Notre projet n’est pas encore fini. Si nous le terminons, cette radio pourra émettre jusqu’à 25 Km de sa base. La présence de cette radio peut jouer un rôle important pour les communautés villageoises et même eux les autorités.

Aujourd’hui, grâce à cette petite radio, nous sensibilisons les populations sur les risques liés au réchauffement climatique, le civisme et la démocratie. Nous sollicitons de l’aide de tout le monde car, notre ambition est d’en créer d’autres aux bénéfices d’autres communautés villageoises.

Alhassane bah, merci.

Interview réalisée par Aboubacar Siddy Diallo pour guineemonde.com 

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