Opinion: Les politiques mettent la Guinée en lambeau (Par Julien Nyankoye Bolamou)

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Je m’interroge depuis l’avènement du multipartisme en Guinée en 1991. Mais je ne trouve point de réponses tranchées. Je suis peut-être le seul à voir que la politique ne mène à rien chez nous, qu’à la ruine, la désolation, la consternation et la haine dans nos communautés, ce qui entraîne irréfutablement la déchirure du tissu social jadis bien tissé par nos aïeux.

Depuis notre indépendance, nos intellectuels (pour la majorité) ont utilisé, non pas leurs connaissances pour servir la nation, mais plutôt l’ethnie pour se faire une position, une place d’honneur dans les hautes sphères de l’Etat, et leur ruse pour ruiner le pays avec des détournements çà et là, l’institutionnalisation de la corruption.

Le pays en a souffert et en souffre encore, mais la Guinée est restée debout, forte dans ses composantes et par les bénédictions des prédécesseurs, qui lui ont permis de supporter les tourments de tout genre depuis le OUI à l’indépendance.  Parce que c’est un peuple brave, des populations douces dans l’acceptation de la différence qui constituent cette nation.  Car oui, notre richesse n’être autre notre différence.

Mais cette unité, cette convivialité, cette homogénéité qui font de ce peuple, un peuple fier et laborieux, semblent ne pas être du goût des politiciens véreux, dépourvus de toute initiative constructive, qui valorise l’unité dans la différence, la coexistence dans l’acceptation de l’autre.

Surfant sur l’analphabétisme chronique chez les populations,  ces hommes qui veulent gouverner ou qui gouvernent déjà ce pays, se dressent les populations les unes contre les autres, par le biais de propos haineux, remettant ainsi en cause les valeurs sociales qui ont fait ce pays un havre de paix dans la sous-région, pendant que  les foyers de tensions mijotaient aux alentours.

Depuis toujours les dénonciations sur de tels discours ont été faites. Des appels ont fait aux hommes politiques pour éviter de tenir des discours qui sapent la cohésion sociale et la quiétude. Mais en manque de projets de société viables et séducteurs, l’ethno stratégie est la seule approche pour accéder au pouvoir. Il est temps chers compatriotes de passer aux actes concrets. Je ne demande pas de répondre la violence par la violence. Mais il est temps de s’asseoir et se poser certaines questions : Qui sommes-nous sans l’autre ? L’autre c’est qui ? Sommes-nous des guinéens ou des Soussous, Peulhs, Maninkas ou forestier ? Que voulons-nous pour notre pays ?

Les réponses à ces questions permettront de définir notre responsabilité ou non dans la consolidation de la paix dans ce pays.

Chers compatriotes, nous sommes les seuls à décider de comment nous voulons vivre.  Voulons-nous vivre dans le chao où chacun se fait sa justice ? Voulons continuer à se mettre dans une sorte victimisation chronique et refuser de reconnaitre que nous aussi coupables ? Si nous accablons les politiciens (à juste titre) que faisons-nous pour qu’ils chassent que nous ne sommes guère prêts à brûler notre pays ? Par notre silence coupable, nous contribuons à mettre le pays en lambeau. A attiser la braise. Pourtant, si cette braise s’enflammait, nous serons les premiers et les seuls à se brûler. Car ceux à cause de qui nous nous tuons, auront la possibilité de prendre toutes leurs familles et quitter le pays.

L’heure est plus que jamais à la prise de conscience collective pour mettre fin à la sauvagerie et la barbarie auxquelles nous nous prêtons.

Peuple de Guinée, les discours haineux et incendiaires ne doivent pas trouver écho chez nous. Nous devons départir de cela et œuvrer à renforcer les liens sociaux dans nos communautés. Les joutes électorales doivent être des moments d’expressions de la différence dans le respect de l’autre. Et non des moments de division. C’est en cela que mesure notre maturité politique.

Les évènements de Kalinko, de Kindia et de Conakry, qui se sont déroulés au soir du jour de vote pour les élections communales, nous rappellent Zogota, Womey et Koulé…. Des souvenirs de notre cruauté, de notre barbarie. Cela nous interpelle. Agissons tant qu’il est temps pour reconstruire notre unité. Agissons pour offrir à nos enfants et petits-enfants, un cadre de vie favorisant leur épanouissement.

Je nous y invite !

Julien Nyankoye Bolamou, Analyste et Coordinateur Suivi Évaluation

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