PORTRAIT : El Hadj Abdoulaye Foula, une bibliothèque vivante de Mamou parle de la ville carrefour

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Un reporter de guineemonde.com s’est rendu dans la préfecture de Mamou, à 270 km de Conakry, à la rencontre du sage El Hadj Abdoulaye Foula. Un homme de grandes connaissances historiques concernant cette ville cosmopolite de la moyenne guinée.

Pour aller chez cet instituteur à la retraite, il a fallu que l’on marche plusieurs heures avant d’arriver au domicile de ce descendant de l’almamy Oumar Bademba Barry au quartier Almamya. Nous avons été reçus dans une case par ce dignitaire de la ville de Mamou en compagnie de quelques membres de sa famille.

Nous tapons à la porte d’entrée, une dame quinquagénaire nous fait signe d’entrer. Elle nous demande de prendre place sur des fauteuils en attendant que celui que sommes venus rencontrer nous donne son accord de nous recevoir. A l’intérieur de la concession, on remarque plusieurs photos des anciens Almamy du Fouta théocratique accrochées.

Quelques minutes plus tard, d’une voix claire et imposante, El Hadj Foula, un homme de taille moyenne et de teint noir dégageant un fort charime sort de sa chambre et interroge : qui êtes-vous? Et qu’est-ce que vous êtes venus chercher ?

Nous nous sommes présentés à lui et avons demandé si c’était possible qu’il nous accorde quelques minutes pour répondre à nos questions sur l’histoire de la ville de Mamou. « Mais non, pas maintenant » nous a-t-il dit. « Je pars à la mosquée d’abord. Revenez après la prière de 14h je vais voir ce que je peux faire pour vous » nous promet le sexagénaire.

À 14h 30, nous repartons à son domicile. Là, On le trouve assis sur un fauteuil avec des papiers en mains. Dans un français soutenu, ce descendant de la famille du dernier Almamy du Fouta Djallon nous fait signe de nous assoir.
Pas besoin d’attendre qu’on l’interroge à nouveau. C’est lui-même qui anticipe en se présentant à nous. « Je me nomme El Hadj Abdoulaye Foula Barry de la famille Alphaya, petit petit fils l’almamy Oumar Bademba le dernier des Almamy du Fouta Djallon. Je suis né en 1949 à Lindaya. »
Avec des gestes en indiquant des directions, il ajoute, « cette mosquée que vous avez vue dehors au bord de la route et cette case où nous sommes ont été construites en 1904 par Almamy Oumar Bademba Barry. À cette époque la ville de Mamou n’était pas beaucoup habitée et ne comptait que trois villages. À son arrivée d’ici, l’almamy a trouvé trois villages qui sont: Séré, Telico et Koumi. Mais ces villages n’étaient pas politiquement organisés. C’est lorsqu’il s’est installé qu’il a mené des combats jusqu’à Kindia. Après avoir conquis plusieurs territoires, il y mit en place le système théocratique du Fouta » précise-t-il.
Quelques minutes après cette entame, le téléphone crépite. Le petit fils de l’almamy Bademba nous fait signe d’arrêter l’enregistrement. C’est un appel téléphonique qu’il reçoit d’une de ses filles depuis l’étranger. Après quelques minutes d’échanges, il raccroche. Puis, « faut enregistrer maintenant », ordonne le doyen.
«Officiellement, Mamou a été créée en 1906 Après la défaite de l’almamy Bocar Biro. À l’époque, ce n’était pas une ville. Mais c’était le système théocratique qui avait été instauré par Almamy Oumar Bademba avec des diwés. Mais en ce temps-là, la théocratie de l’almamy Oumar était sous surveillance. Quand Bocar Biro a été vaincu par les blancs. Le système théocratique était pratiqué sous le contrôle de la métropole. Partout où il y avait un diwal, il y avait un chef de Canton. Celui-ci rendait compte à son chef hiérarchique« . Nous informe El Hadj Abdoulaye Foula.
Mais notre curiosité n’est pas encore satisfaite. Car des personnes disent que le nom « Mamou » était tiré d’une rivière qui s’appelle « Mamouwol ». Mais cette version est fausse affirme El hadj Abdoulaye Foula Barry qui explique « Le nom Mamou tire son origine d’une rencontre entre quatre personnes à une source d’eau qui se jetait d’un seul côté. Cette rencontre a réuni un blanc, un soussou, un malinké et un peul. Ces trois personnes étaient venues à cet endroit pour boire. Après avoir bu, le blanc demanda aux trois autres comment on appelait cet endroit. Les trois autres n’avaient pas bien entendu. Le peul a répondu « mimami », qui signifie en poular authentique , je suis fatigué, le soussou lui a dit » N’maa mèkhi » qui signifie je n’ai pas entendu et le malinké à son tour a dit « N’maamè » qui signifie je n’ai pas entendu. Le blanc lui tira la conclusion en disant c’est « Mamou » d’où le nom actuel de cette préfecture. Fonctionnaire à la retraite, aujourd’hui Elhadj Abdoulaye Foula est conseiller religieux au niveau de la région de Mamou.

Siddy Koundara Diallo pour Guineemonde.com

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