Méthode et Rigueur. Je commence là. Deux exigences qui s’imposent aux africains. Méthode et rigueur pour réussir le développement. Méthode et rigueur pour résoudre les crises. Partant, je vais faire donc une ouverture sur la situation actuelle de la Guinée. Une situation de crise. Elle est doublement explosive. Les revendications des enseignants s’additionnent aux revendications post- électorales. Au-delà d’espérer le retour d’un climat apaisé, beaucoup se demande comment y arriver et surtout comment amener une certaine stabilité politique et sociale dans notre pays. Je ne l’aborde donc pas dans ce biais pour simplement crier que la crise est criante. Je vais faire une proposition certes pour porter mon regard sur cette crise mais aussi pour prévenir lointaines d’autres. Humblement. Je ne fais que jouer mon rôle de citoyen. Proposer. Et croiser mon regard avec d’autres sur la situation de mon pays.
La rigueur ? Le fait de s’imposer une culture de résultat. Dans la présente situation de crise. Rigueur et résultat pour le gouvernement. Rigueur et résultat pour les syndicalistes. Rigueur et résultat pour les citoyens.
Au gouvernement :
1. la résolution d’un conflit ne doit jamais s’éterniser et encore moins dans la situation actuelle du
pays. Tous les observateurs internationaux vous le diront. C’est un indicateur important pour les très
grands investisseurs de se lancer dans des projets d’envergure. Un État efficace dans la résolution
des crises internes est un Etat à qui les investisseurs et les touristes font confiance. La paix sociale
entretenue par un Etat rejaillit sur une conjoncture économique et dope la capacité des entreprises à
créer des emplois stables. La règle élémentaire de la gestion efficace d’un pays.
2. considérer monsieur Aboubacar SOUMAH comme un interlocuteur crédible et légitime. Une
personne qui est suivie par autant d’enseignants ne devrait plus être présenté dans un pays comme
illégitime. La confiance des enseignants en sa personne devient sa légitimité.
3. avoir une posture à la fois de fermeté et de souplesse en fonction des questions et la volonté de
l’interlocuteur à entrer en dialogue ou pas. Cela ne devrait pas rimer avec des sorties médiatiques non
maitrisées et le déballage de certaines références des négociations avant même que celles-ci soient
exposées à l’autre partie.
À Monsieur Aboubacar SOUAH, aux membres de l’intersyndicale et aux enseignants :
1. grever est un droit inscrit et circonscrit. Important pour la bonne santé de toute démocratie. Mais ce droit doit se tenir dans un cadre qui permet à l’état de droit de fonctionner.
2. faire respecter ses droits en respectant les droits des autres est un devoir pour tout citoyen. Il est donc dommageable que l’État et d’autres secteurs économiques du pays soient bloqués par le seul fait d’un corps de métier. Nous devons tous avoir conscience de la nécessité de la continuité de l’Etat guinéen pour assurer nos acquis et bâtir notre futur. On peut appeler à faire remplacer un gouvernement (des personnes), mais on ne peut pas déstabiliser les racines d’un Etat (patrimoine commun).
3. On ne peut pas faire un argumentaire et le répéter à souhait que le gouvernement actuel ne sait ou ne veut pas dialoguer sans accepter au préalable un espace apaisé de négociation et de dialogue. Toute notre vie est négociation. Soit on négocie avec soi, soit on négocie avec les autres.
Aux citoyens et aux parents :
1. arrêtons de penser et même de le crier sur les réseaux sociaux que Monsieur A. SOUMAH est un « bandit ». Il est loin d’en être un. Les personnes qui le résument a ce qualificatif pour le disqualifier par la rumeur et de la désinformation n’ont aucune conscience qu’un tel “bras de fer“ dans un pays peut faire basculer et emporter toute une stabilité politique, économique et sociale. Et faire des morts. Des exemples récents existent : Burkina Faso, Tunisie, Zimbabwe. Encourageons une alternance apaisée à réussir en Guinée.
2. Prenons nos responsabilités à ne pas laisser nos enfants à la rue quand le pays est dans une situation de crise. Les premières responsabilités sont celles des parents.
3. N’acceptons pas que certaines puissances internationales agissent à l’interne et poussent les guinéens contre les guinéens dans le seul but de déstabiliser le régime en place. On le sait tous, quand la tête du président ne leur revient pas ou ses choix politiques ne correspondent pas à ce qu’ils veulent imposer dans le pays. Une fois le changement opéré, ils viendront à nouveau soulever d’autres groupes contre le régime qui sera en place. L’objectif est d’empêcher le développement et donc d’inscrire nos États dans une dépendance continue. De la méthode ? Elle tiendra sur la forme et sur le fond. Sur la forme, faisons simple. Il s’agit de fixer le lieu de négociation en dehors de Conakry afin de se sortir de toutes ces tensions polluantes. Allez vous retrouver à Boffa par exemple. Au bord du Fatala, le climat est favorable pour se parler en frères et en citoyens guinéens. Mettez-vous en cercle et parlez pour trouver une solution durable. Faites simple. Faire simple, c’est s’inscrire dans l’exigence du résultat pour la Guinée. Oubliez à la maison la citation du nombre de vos diplômes obtenus ou la chemise qui fait peur à l’autre par son prix. Les guinéens ne veulent que bien vivre dans leur pays. Le reste, c’est de la poudre aux yeux. L’exigence de résultat s’impose donc aux Ministres concernés et à Monsieur Aboubacar SOUMAH.
Sur le fond. Il s’agira d’aborder les présentes revendications des enseignants dans une perspective de réforme du système d’enseignement guinéen.
Un : Aborder le contenu des programmes. Former le citoyen et non uniquement un spécialiste dans un domaine devrait être désormais l’objectif de notre système d’enseignement.
Deux : Prévoir les pédagogies ajustées en fonction des matières et des niveaux. Inscrire les matières dans la cohérence de notre histoire, les réalités locales des ethnies et notre politique de développement.
Trois : Associer les bonnes personnes qui accompagneront la démarche. La Guinée regorge d’enseignants brillants de tous les âges qui peuvent s’appuyer sur leurs expériences pour faire évoluer notre système. Les choisir en fonction de leurs compétences et non la couleur politique de leur casquette.
Quatre : Lier l’enseignement et les filières universitaires et professionnelles au marché de l’emploi. Former des cadres compétents diplômés des cursus concurrentiels et en mesure de travailler partout en Afrique et dans le monde. L’excellence d’un pays vient de son école. Sortir du système actuel qui encourage des titres et diplômes pompeux aucunement utilisables dans une entreprise en Guinée à plus forte raison ailleurs.
Cinq : Négocier les salaires par tranche et de façon progressive tenant compte de la mise en place de la réforme. C’est se donner les marges de manœuvres pour réajuster au fur et à mesure les salaires sans appeler à des
grèves en permanence. Prévoir la stabilité de notre pays et la stabilité dans l’accès à la connaissance
des jeunes dans la clause des négociations.
Six : Fixer une échéance de déploiement du dispositif. Retenir pendant les négociations les grilles et les critères de la première, la seconde, la troisième, et l’énième évaluation de la réforme. C’est corriger les erreurs et les oublis jusqu’à complètement installer la reforme partout en Guinée.
Vous comprendrez que mon attention est d’éviter qu’on aborde cette crise uniquement par la seule porte des salaires.
Alseny SOUMAH, Guinéen vivant à Paris pour Guineemonde.com